Mémoires du sublime

Patricia Lunghi
24. Juni 2019
photo © Darren Almond

Qu’il soit symbolique, esthétique ou idéalisé, le paysage a de tous temps passionné les artistes. Pour Carole Haensler, directrice du musée Villa dei Cedri de Bellinzone, « cette vision idéalisée de la nature est dès l’origine une création de l’esprit, une projection de l’imaginaire sur l’univers matériel ». Source d’inspiration sans limites depuis des siècles, le paysage acquiert désormais un sens nouveau face aux urgences environnementales. Les transformations modifient l’environnement et notre perception. Après avoir été teinté de nostalgie à l’époque romantique, le paysage devient dès le XIXe siècle l’outil de promotion touristique de la nouvelle société de consommation. De nos jours, selon Carole Haensler, l’art contemporain revient à une perception romantique mais avec une nouvelle conscience de la nature, forte et fragile à la fois. 

photo © Stefania Beretta

Parmi les pièces présentées dans la belle Villa dei Cedri, le travail de la photographe tessinoise Stefania Beretta qui dévoile les majesteuses parois rocheuses du Gothard contaminées par des éléments humains tels que les ponts, routes et tunnels. Quand à la série « FullMoon », du photographe anglais Darren Almond, elle est hantée par les visions romantiques du temps, de la beauté et de la nature. Silencieux, les fleuves, les montagnes et les rivages y sont saisis à la lueur de la pleine lune, avec un long temps d’exposition qui confère aux images un voile iréel et sublime. Face à ce regard lunaire, se manifeste une autre vision contemplative mais plus sombre. L’œuvre monumentale « Récidive » dessinée au fusain par l’artiste vaudois Alain Huck montre une nature enchevêtrée et mélancolique, un paysage étrange qui fusionne la naissance et la mort, là où tous les êtres vivants rejoignent la nature pour toujours. 

 

Memoria del sublime. Il paesaggio nel secolo XXI
Museo Villa dei Cedri
Bellinzona
Jusqu’au 4 août

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