Trempette dans le Léman

Joanie Goulet
19. März 2019
Vue de la grue en janvier 2019. Photo : Serge Fruehauf

Cet impressionnant chantier fascine les citoyens genevois depuis le premier galet posé en 2017. Les moyens déployés sont énormes. Deux kilomètres de méandres de palplanches rythment les grands vides et les pleins, les murs de rouille contrastant avec le camaïeu de bleus du lac. Même par mauvais temps, ce chantier est beau, sans doute grâce à sa situation géographique exceptionnelle. A trois mois de l’ouverture, les travaux de remblayage sont maintenant terminés et les mouvements de camions, de grue et d’ouvriers s’accélèrent afin de garantir la baignade cet été. Le grand projet est devisé à 67 millions de francs. Il comprend aussi la construction d’un restaurant, d’une plateforme pour les dériveurs, de cabanes pour les pêcheurs professionnels ainsi que la création de nouvelles places d’amarrage pour la société nautique de Genève mais ceux-ci attendront à l’été 2020 pour leur inauguration. Priorité aux futurs baigneurs qui, au fil du chantier, étaient les bienvenus pour visiter le site en action et aussi pour y festoyer. Le 9 février dernier en plein froid hivernal, le festival Antigel a rassemblé 800 personnes pour l’événement «Feu au lac !» avec balade aux flambeaux sur la future plage. 

Selon le WWF, qui a fait recours au premier projet de l’Etat, « 97% des rives du Léman ont été profondément transformées par l’homme et n’ont plus de caractère naturel, et même 98% dans le canton de Genève ». Des fouilles archéologiques sur le site de la plage ont révélé des milliers pieux datant de plusieurs millénaires dont le plus vieux est daté de 2602 avant l’ère chrétienne, vestige d’un village néolithique construit sur l’eau. Naturelle ou artificielle, la future plage de galets offrira un espace aux citoyens et à la nature pour cohabiter. Côté plage, la capacité du site est estimée à environ 8000 baigneurs. Côté quai, une roselière d’environ 6000 mètres carrés formera un refuge pour les oiseaux et un poste de choix pour les ornithologues.En respect des biotopes lacustres, des espèces rares de la flore indigène seront plantées dans le jardin d’eau. Ce soucis d’intégration peut possiblement s’expliquer par le fait que le chef du grand projet de la plage n’est nul autre que le chef de secteur renaturation au Service du lac, de la renaturation des cours d’eau et de la pêche.

 

Photo : Serge Fruehauf

Situé dans le prolongement de la Baby plage, qui porte ce nom parce qu’elle était autrefois réservée aux enfants, la nouvelle plage des Eaux-Vives s’élancera dans le lac sur environ un demi kilomètre. En comparaison, la jetée des Pâquis sur l’autre rive est deux fois plus courte. Malgré sa taille imposante, la plage a été étudiée dans le détail, jusqu’au mouvement du grain de sable. Son orientation et sa délimitation ont été réfléchies pour limiter les mouvements non désirés de sable et de galets dans le lac, tout en évitant la création d’eau stagnante ou d’algues. Des caissons en matériaux naturels ont ainsi été déposés au fond du Léman de manière très précise. Ne pouvant aisément voir le travail accompli sous l’eau, deux structures ont été érigées en parallèle, à différentes échelles. Les maçons travaillaient avec une maquette Lego reconstituant l’avancement des blocs submergés. Un pierre de taille, un Lego. Chaque zone caisson est délimitée hors de l’eau par des quais en épis de couleur sable qui feront le bonheur des baigneurs.

Alors qu’il n’y a pas eu de concours d’architecture pour le projet de la plage publique, un concours d’idées pour le réaménagement de la Rade a été lancé en 2017 et remporté par Pierre-Alain Dupraz architecte. Grâce au projet de la plage publique et port des Eaux-Vives, les quais de la rive gauche seront désormais désengorgés et la Rade pourra bientôt redevenir un plaisant lieu de promenade et de détente, accessible à tous.

Archigraphie espace baignade et promenade sans batiments.

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